Ma futurologie ou l'algorithme occidental

Enquête sur une loi de l'Histoire

Recherches sur l'algorithme

Revoyons le résumé cartographique de la course de l'Algorithme, de la Crète à nos jours.

Etape 1 Etape 2 Etape 3 Etape 4 Etape 5 Etape 6

Cette suite d'images montre bien le déplacement ainsi que l'augmentation d'échelle lors de chaque phase des trois répétitions de l'Algorithme.

Tenter de schématiser le phénomène peut être un bon moyen de poursuivre son étude.

On peut synthétiser graphiquement l'algorithme comme suit :

Diagramme de l'algorithme
Où l'on doit noter que :
  • Une civilisation de type A : est divisée en entités politiques distinctes et concurrentes, a un mode d'expansion colonial, naît sur les vestiges d'une civilisation plus ancienne de type B après une période de régression
  • Une civilisation de type B : entité politique unique, expansion militaire, naît sous l'influence de la civilisation de type A contemporaine.
Sur le diagramme ci-contre, on a figuré :
  • L'apparition de la civilisation B dans la zone d'influence de A
  • Le changement d'échelle entre A et B
  • La soumission subséquente de A à l'empire de B
  • La soumission à l'empire de B d'une partie de ce qui appartint d'abord à la zone d'influence de A
  • L'appartenance du point de départ de la civilisation de type A suivante à l'empire de B

On peut découper le diagramme en les étapes suivantes :

phase 1 Apparition et développement de la civilisation de type A
phase 2 Phase d'expansion coloniale de la civilisation de type A : apparition d'une vaste zone d'influence
phase 3 Développement d'une civilisation de type B dans la zone d'influence de la civilisation de type A contemporaine ; changement d'échelle
phase 4 Impérialisme de la civilisation de type B, renversement de la situation vis-à-vis de A qui s'intègre à l'empire de B, avec une partie de son ancienne zone d'influence
phase 5 Disparition de la civilisation de type B et de son empire. Dans une partie de l'ancien empire naît une nouvelle civilisation de type A

La suite logique occidentale : en répétant inlassablement l'algorithme, l'Occident patrimonialise son passé en même temps qu'il se développe. Il y a quelque chose de mathématique dans l'évolution de l'Occident. On peut comparer l'évolution générale de l'Occident par les répétitions de l'Algorithme à la suite de Fibonacci, qui s'accroît à chaque étape en s'appuyant sur l'étape précédente.

La théorie de l'algorithme s'appuie principalement sur deux choses : d'une part la distinction de deux types de civilisations : A (Grèce/Europe) et B (Rome/Amérique), et d'autre part leur articulation.

Prenons un moment pour tenter de différencier précisément les deux types de civilisations.

Une civilisation A Une civilisation B
Naissance et processus de civilisation Elle naît dans la barbarie (l'absence de civilisation) et se construit selon un processus de civilisation spécifique : d'abord une nébuleuse de civilisation, relativement homogène, produite par l'effondrement d'une grande civilisation précédente entrée en contact avec une masse critique de populations non civilisées. Au cours d'une évolution pluriséculaire, temps marqué par l'importance du fait religieux, se produit une différenciation au sein de cette nébuleuse, par un phénomène ce cristallisation autour de forces locales. Ces forces gagnant en puissance en s'agrégeant les populations voisines continuent de se développer, de se complexifier et d'affirmer leur identité par la rencontre avec d'autres entités d'égale résistance. L'action de ces forces que nous venons de décrire finit par accoucher d'états, communautés humaines institutionnalisées (régies par une organisation politique) et nationales (différenciées par des caractères socio-culturels propres). L'apparition de ces entités politiques marquées correspond au passage à une société plus rationnelle et scientifique, liée à une approche plus symbolique de la religion. Tous ces états-nations restent marqués par leur origine commune, le fond partagé par leurs identités et qui maintient une unité de civilisation, une conscience supranationale d'appartenance : conscience grecque des cités, conscience européenne des pays. Elle naît dans la zone d'influence d'une brillante civilisation. Sa structure en est profondément affectée : ses cultes sont fortement calqués sur ceux de ladite civilisation, de même que ses arts. Profitant très tôt de cet apport culturel de haut niveau, d'un modèle à suivre contemporain, la civilisation de type B ne connaît pas la lente évolution d'une civilisation de type A, ce qui a notamment pour conséquence la cohabitation dans sa société de la science la plus avancée avec la superstition la plus crasse, de l'ordre et de l'organisation d'institutions évoluées réglant une société demeurant marquée par la violence. La civilisation B s'établit comme profondément récipiendaire de la civilisation de type A contemporaine, plus que toute autre civilisation influencée par elle, mais sans jamais y être intégrée. Ses contradictions sont le corollaire d'une dynamique interne déjà essoufflée au même stade de développement des sociétés de la civilisation A, mais que permet pour B le bond civilisationnel que permet le contact avec A.
Structure politique Elle rassemble plusieurs entités politiques distinctes et concurrentes Elle est constituée par une entité politique unique.
Expansion extérieure Son mode d'expansion est colonial. Cela n'exclut pas l'usage de la force militaire, mais écarte celle-ci comme élément systématique. La force militaire sert d'appui, de protection à la colonisation, mais c'est celle-ci qui demeure fondamentalement le moyen d'expansion : l'établissement de communautés de colons rattachées à la métropole mais fonctionnant avec un certain degré d'autonomie.Pour l'essentiel, c'est une colonisation de peuplement, accessoirement une colonisation de comptoirs. Les colonies deviennent des relais de puissance extérieurs, établissant avec les indigèes des relations allant du commerce à la domination pure et simple. La colonisation trouve sa cause principale dans l'explosion démographique. Son mode d'expansion est militaire : elle assure son emprise par l'alliance militaire, volontaire ou contrainte, la guerre et l'établissement de bases en pays soumis. Elle ne pratique pas ou très peu la colonisation de peuplement. Elle impose certaines normes de gouvernement tirées de ses propres institutions aux états soumis, mais leur laisse une certaine autonomie en laissant à leur charge une grande partie du gouvernement purement local et interne : selon, on peut qualifier ces entités soumises de provinces, de protectorats ou de dominions.
Disparition Elle "prend fin" en tombant sous la domination d'une autre civilisation après avoir été affaiblie par la concurrence de ses différentes entités politiques. Elle perd son indépendance mais ne s'effondre pas et se perpétue sous la domination étrangère. Elle disparaît dans la barbarie. Ses structures s'effondrent et sa culture s'efface suite à un afflux critique de populations extérieures non civilisées. La majorité de son patrimoine socio-culturel tombe massivement dans l'oubli. Elle laisse la place au désordre politique, à l'instabilité et à l'insécurité des voies de communication.

Outre ces caractéristiques individuelles, une civilisation de type A et une civilisation de type B se définissent aussi de manière relative, par leurs rapports entre elles, car il n'y a pas de civilisation A sans B, ni de B sans A. Les deux civilisations sont liées :

Synthèse sur la civilisation de type A.

Voici maintenant un tableau reprenant de façon plus détaillée l'évolution, dans tous ses aspects, d'une civilisation de type A. Le lecteur pourra vérifier que tout ce qui est décrit ci-dessous s'applique tant à la civilisation hellénique qu'à la civilisation européenne. Nous avons décelé cinq grandes périodes entre lesquelles les frontières osnt bien sûr floues, le passage de l'une à l'autre se faisant de façon progressive. Notre but est surtout de brosser un tableau des étapes essentielles pour faire apparaître la manière dont le chemin est parcouru.

Nous avons tenté de trouver une appellation pertinente à ces périodes.

Nous avons appelé la première période "aristocratique", car elle est marquée par la prise de pouvoir et la domination de la société par une caste de seigneur guerriers. La deuxième étape est dite "monocratique" parce qu'elle voit ce régime des seigneurs remplacé par un super-seigneur issu de cette noblesse, et s'érigeant au-dessus des autres en s'appuyant sur le peuple, phénomène observé tant dans le mouvement des tyrannies grecques que dans l'apparition de monarchies héréditaires stables en Europe. La troisième étape marque l'apparition d'une structure politique organisée et dotée d'institutions concentrant les trois pouvoirs : l'Etat. La quatrième période marque l'apothéose de cette bourgeoisie apparue tôt et dont le pouvoir n'a cessé de grandir au cours des étapes précédentes, bourgeoisie dont l'esprit et les préoccpuations deviennent la norme de société. Enfin, la dernière étape voit le passage des états de la civilisation A sous tutelle étrangère.

Le terme "période de gestation" ne doit pas être compris dans un sens péjoratif : on sait aujourd'hui que les "Siècles obscurs" grecs et le Moyen Age européen furent des périodes de grand dynamisme, avec de forts mouvements d'innovation et des aspects parfois très aboutis. Cependant, puisque nous observons que ces périodes, souvent originales car laissant s'exprimer les apports non-occidentaux (ceux des "barbares", d'où l'art "gothique"), vues en perspective, doivent déboucher sur la réapparition de certains standards occidentaux (par exemple l'art "classique"), il nous semble que cette qualification demeure pertinente.

Institutions/Organisation politique Société/droit Arts/culture Religion
Période de gestation primaire - Age aristocratique Passage d'une monarchie faible à un ordre féodal, aristocratie fondée sur la possession de la terre et la guerre. Puissance publique éclatée. Système de castes, modes primitifs de justice. Société rurale, très paysanne et communautaire. Art exclusivement religieux : théâtre, art figuratif, architecture réservés à la religion. Religion commune à toute la nébuleuse de civilisation. Facteur d'unité de culture pour des contrées privées d'une puissance centrale. Forte prégnance de la superstition.
Période de gestation secondaire - Age monocratique Apparition, du milieu de l'aristocratie, de pouvoirs personnels s'établissant aux dépens de l'aristocratie en s'appuyant sur le bas de la pyramide sociale : artisans, paysans, nouveaux bourgeois. Apparition d'une bourgeoisie à la faveur d'un développement des échanges, apparition de centres urbains. L'art commence à se détacher de la religion. L'enrichissement d'une classe bourgeoise naissante et l'établissement d'un pouvoir central en construction financent de nouvelles formes d'art sur des thèmes profanes. La religion demeure un aspect important de la société, mais le surnaturel perd son statut de source de toute explication du monde.
Période de renaissance - Age de l'Etat Au terme de la période de gestation, apparition de l'Etat, entité politique concentrant la puissance publique et les pouvoirs législatif, exécutif, judiciaire. Grâce à la sécurité garantie par une puissance publique concentrée et efficace, les échanges s'accroissent, la classe bourgeoise s'agrandit et accroît son spectre social (apparition de grandes fortunes bourgeoises). Cette classe prend un grand poids politique et tend à remplacer l'ancienne aristocratie guerrière dont l'Etat a assumé le rôle protecteur. Prémices de l'organisation rationnelle de la justice, du souci de la loi. Croissance des villes. L'art devient largement profane. Le théâtre se détourne de la religion, perd ses aspects cultuels, devient politique, philosophique, bourgeois. Tensions avec le mouvement d'émancipation vis-à-vis des croyances traditionnelles. Perte progressive du prestige du "religieux" au profit des sciences et de la philosophie. Phénomène de différenciation de la croyance traditionnelle d'un Etat à l'autre.
Période classique - Age bourgeois Instauration de la démocratie. Elargissement progressif de l'attribution du droit de citoyenneté. Développement d'un identitarisme des états, appuyé sur une glorification historique et la célébration de héros bienfaiteurs de la communauté. Virulence et violence de la concurrence entre états. Disparition totale de l'ancienne aristocratie. Mouvement pour l'égalité de droit entre citoyens, importance de la loi, adoucissement des moeurs (notamment des peines légales). Les grands centres urbains atteignent des tailles records. Développement du divertissement. L'art perd pratiquement toute signification religieuse. Développement du syncrétisme religieux, du relativisme, apparition de nouvelles spiritualités aux dépens des croyances traditionnelles.
Période tardive - Age de la dépendance Paix durable sous contrôle étranger entre les états. Affaiblissement de la démocratie au profit d'une oligarchie aux ordres de la puissance étrangère dominante. Perte de dynamisme. Le contrôle étranger recherchant la stabilité favorise la stagnation de la société. Importation des divertissements de la puissance dominante, influence de ses standards. -
Sciences Relations au monde extérieur Méthodes de guerre
Période de gestation primaire - Age aristocratique La science se confond pratiquement avec la religion. Explication de la nature par les mythes et les croyances. Période d'isolation et de résistance aux menaces extérieures. Degré de civilisation, économie et technologies nettement inférieurs aux autres civilisations les plus évoluées. Guerre surtout affaire d'une caste aristocratique, armées peu nombreuses, guerres privées.
Période de gestation secondaire - Age monocratique Commencement de la recherche des causes dépassant l'observation. Naissance de la raison. Premières explications du monde ne faisant pas directement appel au surnaturel. Affirmation d'indépendance et premières offensives contre les puissances extérieures. Le retard économique et technologique par rapport aux grandes civilisations voisines diminue. Développement d'armées plus importantes, rassemblées sous un commandement supérieur à l'échelon aristocratique.
Période de renaissance - Age de l'Etat Essor de la philosophie. La raison se détache des croyances religieuses, devient critique. Naissance de sociétés de pensée. Développement de l'astronomie, de la médecine, des mathématiques. Déclin des explications mythiques et traditionnelles. Victoire décisive sur les puissances extérieures constituant une menace. Le retard technologique et économique est comblé. Mouvement d'exploration à la faveur des nouvelles techniques de navigation, premiers établissements de colonies. Disparition des guerres privées, développement de l'armée permanente, professionnelle, effacement du système de castes.
Période classique - Age bourgeois Développement de l'enseignement général, d'un système d'instruction organisé. Le savoir n'est plus sacré ni ésotérique, il devient ouvert à tous. Explosion du mouvement de colonisation. Soumission totale de tous les anciens ennemis, contrôle des routes maritimes. Hégémonie mondiale. Suprématie économique, technologique et scientifique. Un sommet de civilisation est atteint. Armées imposantes, masses d'infanterie disciplinées. Développement de la conscription. Les guerres deviennent de plus en plus coûteuses en pertes humaines.
Période tardive - Age de la dépendance Perte de la suprématie technique et scientifique. Décolonisation, perte d'influence au profit de puissances étrangères. Passage sous tutelle étrangère. -

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