Ma futurologie ou l'algorithme occidental

Enquête sur une loi de l'Histoire

Rappels sur la course de l'Occident de la Grèce antique à nos jours

Commençons par un résumé de l'histoire de l'Occident, car si loi de l'Histoire il y a, elle ne peut être décelée qu'en connaissant cette histoire.

La Grèce

Empire grec

Voici l'empire colonial grec au VIe siècle avant J.-C. Cette carte donne une bonne idée du rayonnement de la civilisation hellénique dans le monde antique. On peut constater qu'une bonne moitié des rivages connus alors étaient sous influence sinon sous contrôle grec, et que Rome devait naître dans une région imprégnée à la fois par la culture grecque ( le fond de la botte italique était nommée "Grande Grèce") et au nord par la culture étrusque (qui connut elle aussi l'influence grecque).

On notera aussi que Carthage, cité phénicienne (la domination maritime phénicienne correspondant peu ou prou aux rivages non hellénisés) connut aussi une influence grecque.

Les origines du monde grec remontent à l'empire mycénien durant lequel les Achéens (les Grecs de la guerre de Troie, premiers maîtres de la péninsule) fut progressivement envahi par un peuple barbare, les Doriens, et s'effondra peu après. C'est sur les ruines de la civilisation mycénienne que s'érigea la civilisation grecque classique.

Aux prises avec le monde oriental représenté par l'empire perse, les Grecs mirent un coup d'arrêt à sa progression lors des guerres médiques, avec la victoire maritime de Salamine.

Le monde grec, malgré la conscience d'une unité culturelle (grécité) se construisit en cités-états indépendantes les unes des autres, avec des identités culturelles marquées. Le temps vit apparaître autour de deux pôles deux factions ennemies : la puissance maritime, commerciale et démocratique avec Athènes et la puissance continentale, totalitaire et autarcique (absence de vraie monnaie ) de Sparte. Une radicalisation progressive des rapports amena la guerre du Péloponnèse, qui fit par sa férocité voler en éclat les anciennes conceptions les plus sacrées de la guerre. Sparte écrasa Athènes, lui imposa le régime des Trente Tyrans et installa son hégémonie pour une très brève période. Le conflit avait éreinté la puissance grecque, qui vit son empire colonial se déliter, en particulier sous les assauts de la nouvelle puissance carthaginoise, qui s'empara de la Sicile. La Grèce perdit en outre son indépendance au profit de la Macédoine (n'oublions pas qu'Alexandre le Grand était un macédonien, non un grec, et qu'il imposa par les armes sa suzeraineté sur les vieilles cités grecques).

Rome

Empire romain

La deuxième carte montre la partie durable de l'empire romain (on n'a pas coloré la Dacie et l'Assyrie, conquêtes éphémères de Trajan, ni la partie de la Germanie qui fut sous contrôle romain à l'époque d'Auguste jusqu'à la défaite de Teutoburg).

Quelques rappels de la façon dont Rome est arrivée à ce degré de puissance : la cité romaine, dominée par les rois étrusques, chassa ceux-ci sous la conduite de sa haute aristocratie, notamment Brutus, évènement commémoré par la fête romaine du Regifugium. Un régime aristocratique fut instauré, dirigé par le Sénat, composé de patriciens.

Par la suite, Rome établit peu à peu sa prépondérance sur les tribus et cités voisines, et conquit l'ensemble du territoire italien. Au plan intérieur, après de successives "sécessions de la plèbe" au cours de la "guerre des ordres", le peuple réussit à obtenir une démocratisation du régime, en particulier avec l'apparition de ses propres représentants, les tribuns.

Au cours de son ascension, la puissance romaine finit par rencontrer la puissance carthaginoise. L'antagonisme conduisit aux guerres puniques, conflit pour la suprématie en méditerranée. Rome sortit victorieuse de ces affrontements et gagna des territoires importants en Afrique du Nord et en Espagne.

A l'est, la République étendit l'empire de Rome en intervenant pour défendre les cités grecques contre l'agression macédonienne.

Au Ier siècle avant notre ère, la République connut de graves troubles internes. Il y eut d'abord, de - 91 à -89, la guerre Sociale, durant laquelle les Alliés (Socii, cités de la pénisule italienne alliées de Rome) firent sécession et créèrent une confédération avec une nouvelle capitale et un nouveau sénat, car Rome leur refusait l'égalité de statut. Les alliés obtinrent finalement la citoyenneté romaine.

Vint ensuite l'opposition sanglante entre Marius et Sylla, entre le peuple et l'ancienne noblesse ; c'est le début de la Guerre civile.Puis de -73 à -71, Rome dut réprimer l'énorme soulèvement d'esclaves mené par Spartacus. Enfin, les troubles atteignirent un nouveau paroxysme avec le conflit opposant César et Pompée, puis Marc-Antoine et Octave. Rome sortit de ces troubles non seulement stabilisée, mais son empire augmenté des Gaules, pays qui avait menacé Rome par sa population nombreuse et son industrie dynamique, de la Bretagne et de l'Egypte.

L'empire demeura stable pendant deux siècles et demi, puis connut une période d'anarchie militaire, avant d'être réformé par Dioclétien, puis Constantin. Mais les Grandes Migrations, l'appauvrissement du centre historique qu'étaient Rome et l'Italie, dépourvus de dynamisme économique, les ambitions de chefs locaux et l'incurie de l'Empire d'Orient, de culture très grecque, face à un Occident de civilisation beaucoup plus récente, entraînèrent le démembrement progressif de l'Empire.

La carte montre la région de départ de l'étape suivante de l'histoire de l'Occident, la civilisation européenne. On notera que cette région ne contient pas du tout la Grèce, berceau de la civilisation occidentale. Le véritable coeur de cette renaissance devait être les Gaules, pays ayant souffert plus que tous les autres des Grandes Migrations, mais doté d'une population nombreuse, et surtout qui poserait, avec Charlemagne, les bases de l'identité européenne : la Chrétienté, et de son avenir national, en créant les marches d'Espagne préparant la Reconquista, l'Empire qui devait devenir germanique, et dont le découpage devait faire naître la France.

Europe

Empire colonial européen

Notre troisième carte permet de constater l'influence sans précédent qu'a pu avoir la civilisation européenne sur le reste du monde. Elle s'arrête à la veille de la Grande Guerre, et l'on pourrait ajouter comme zone de pénétration la Turquie, occidentalisée après le conflit par Mustapha Kemal, ou encore la Russie au-delà de l'Oural, puisque ces contrées, jusqu'à la Sibérie, étaient colonies d'une nation elle-même partiellement occidentalisée.

Encore une fois, résumons le mouvement qui a conduit à une si formidable expansion.

Après la chute de l'Empire romain, on l'a vu, l'Europe occidentale, héritière à la fois d'éléments romains, celto-germains et "barbares" a trouvé une nouvelle identité commune, malgré les rivalités géopolitiques. Cette nouvelle identité, fondée sur une communauté religieuse, puis culturelle, c'est la Chrétienté. Elle n'a pas empêché le continent de se construire en nations indépendantes, chacune développant ses spécificités culturelles, institutionnelles, politiques, puis religieuses.

A son tour, l'Europe a dû lutter contre la poussée de l'Orient qu'elle stoppa avec la victoire maritime de Lépante, en 1571.

C'est à la même époque qu'a démarré le grand mouvement de colonisation qui, durant trois siècles, a conduit l'Europe à devenir réellement maîtresse du monde. A l'aube des deux guerres mondiales, si l'Afrique et l'Asie étaient encore solidement tenues sous le joug européen, la plus grande partie de l'Amérique avaient échappé au vieux continent, et se divisait à son tour en entités nationales. Au plan intérieur, après des siècles de guerres plus ou moins codifiées par l'esprit chrétien, puis humaniste, on vit se structurer un antagonisme radical entre deux groupes de nations européennes : les nations continentales (empires centraux ) et les nations fortement coloniales (France, Angleterre). Cet antagonisme devait déboucher sur le conflit des deux guerres mondiales, qui en réalité, dans leurs mécanismes profonds, n'en font qu'une. Au cours de la seconde, la radicalisation fut encore plus marquée, dans l'opposition entre les puissances maritimes, libérales et démocratiques de France et d'Angleterre, et les puissances continentales, totalitaires et autarciques des fascismes, en particulier de l'Allemagne nazie. Les deux guerres mondiales virent l'oubli des anciennes règles de la guerre pour la pratique de la guerre totale et à outrance, les civils devenant des cibles militaires quand ils n'étaient pas massacrés par pure idéologie. Le conflit, au niveau européen, se solda par la défaite des démocraties, l'instauration d'un régime fascisant en France et une courte période d'hégémonie pour l'Allemagne nazie.

L'Europe, à la suite de ces guerres terribles, était exhangue. Assez dynamique pour se reconstruire, elle n'avait plus la force de maîtriser son empire colonial, dont le contrôle lui échappa rapidement en quelques années. La Russie s'introduisit jusqu'au coeur de l'Europe.

Les Etats-Unis d'Amérique

Empire militaire américain

Cette dernière carte montre l'étendu de l'empire américain de nos jours. Revoyons comment quelques colonies du Vieux monde se sont hissées au rang d'hyperpuissance.

Deux épisodes peuvent apparaître comme la fondation historique de la nation américaine : la fondation de Jamestown en 1607, première colonie britannique permanente, et surtout l'installation des "pères pèlerins" du Mayflower, en 1620. Durant le siècle et demi qui suivit d'autres colonies naquirent et se développèrent sous la suzeraineté britannique. Cette suzeraineté pesante fut finalement dénoncée et l'autorité royale rejetée sous la conduite des plus intéressés à l'indépendance, l'aristocratie de gros propriétaires terriens, conduite par l'un d'eux, George Washington. Pendant un temps, la propriété demeurera une condition au droit de vote. D'autres conditions limitaient celui-ci : sexe, religion, couleur de peau... Mais le long combat pour les droits civiques étendit peu à peu ce droit à une fraction de plus en plus importante de la population.

Dans le même temps, la jeune nation américaine étendit son territoire à l'Est, à la fois par des guerres contre les tribus indiennes peuplant ces régions, et par des traités achetant des terres (Louisiane) ou intégrant comme états des entités déjà existantes (par exemple la Californie).

Au début du XIXe siècle (vers 1820), le revenu moyen des américains dépassait celui des européens, qui ne devait plus jamais le rattrapper.

L'intégration des nouveaux états et la cohabitation entre les premiers états de l'Union ne se firent pas sans tensions. Les multiples différences entre le Nord et le Sud : différences de peuplement (vieille immigration au Sud, immigration permanente au Nord), différences de puissance (le Sud, économiquement plus faible, craignait un assujetissement au Nord), différences de structures sociales (un Nord souple, un Sud plus aristocratique)... finirent par amener, autour de la question de l'esclavage, la guerre de Sécession, que les américains nomment simplement Civil War. Les états du Sud firent sécession et s'érigèrent en Confédération, avec une nouvelle constitution. Le Nord triompha après une guerre sanglante, et fit prévaloir son modèle en abolissant l'esclavage et en contraignant le Sud à demeurer dans l'Union.

La fin du XIXe siècle vit l'Amérique étendre son influence en se taillant un petit empire colonial dans les Caraïbes, tout en refusant, selon la doctrine Monroe, de se mêler aux affaires européennes. Les Etats-Unis oeuvraient ainsi à protéger son indépendance par l'acquisition d'une puissance suffisamment dissuasive, notamment maritime.

A la veille des guerres mondiales, les Etats-Unis étaient déjà la première puissance industrielle mondiale, sa production de houille et de fer brut étant aussi importante que celles des trois plus grandes puissances européennes cumulées.

Malgré l'ampleur du conflit européen, les Etats-Unis eurent du mal à sortir de leur réserve isolationniste. En outre, au début de la Seconde Guerre mondiale, l'armée américaine était ridiculement faible. C'est durant le conflit, en mettant son énorme puissance industrielle au service de l'effort militaire que l'Amérique devint une superpuissance.

En outre, le vide créé par l'effondrement européen et où était prête à s'engouffrer le géant soviétique interdit aux USA de retourner vers la doctrine Monroe en laissant l'Europe à ses affaires : l'URSS serait devenu trop puissante, et trop dangereuse. Pour se garantir contre cette menace, l'Amérique s'engagea dans la course aux armements, le containment(politique d'encerclement de l'Union soviétique pour l'empêcher de trop s'accroître) et la Guerre froide. Pendant un demi-siècle, l'Amérique mena cette lutte vitale pour la suprématie mondiale (vitale car la défaite signifiait la soumission, la suprématie mondiale étant la conséquence de la victoire). Ayant eu raison de la puissance russe, l'Amérique se voyait désormais engagée dans le monde entier, pourvue de puissants instruments de puissance (ex : l'Otan) et débarassée de son seul rival au niveau mondial, mais obligée d'assumer elle-même le maintien de l'ordre sur toute la planète, situation à la fois pesante car très coûteuse, et avantageuse car garantissant de la manière la plus totale l'indépendance et la sécurité de la nation américaine, souci premier de toute politique des Etats-Unis depuis leur fondation.

Ces rappels sur l'histoire de l'Occident de la Grèce antique à l'hégémonie américaine étaient nécessaires pour constater dans une première intuition la répétition de certains schémas dans la nature des évènements ou leur déroulement. Ces constatations n'auront sans doute échappé à aucun d'entre vous. Afin de nous acheminer plus sûrement vers l'exposition de notre théorie sur l'algorithme occidental, nous allons maintenant constater les similitudes sociétales qui s'ajoutent à la répétition des évènements.

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